La tradition viticole familiale

Originaire de Chine, le raisin est cultivé en France dès l’apparition de l’homme moderne au néolithique. C’est aux grecs et aux romains que l’on doit l’introduction de la viticulture dans notre pays précisément dans la Gaule narbonnaise. Elle remontera ensuite en Europe du Nord enseignant aux vignerons l’art subtil de la viticulture : choix du cépage, du climat, de l’exposition, du sol, etc. Dès l’origine, nos ancêtres vont privilégier le raisin de cuve au raisin de table.

Pendant des siècles et jusqu’à la fin des années cinquante, la plupart des familles disposaient d’une parcelle de vigne et fabriquaient son propre vin rouge de table qui si on en croit une chanson de Jean Ferrat, faisait des centenaires.

 

Des dizaines d’hectares de vignes se répartissaient sur les riches terres lœssiques les mieux exposées du territoire. Il y a près d’un siècle, le Galgenklamm et le Krottenberg à Geudertheim ainsi que le Griesserberg, le Kirchtal et le Rehberg à Weitbruch étaient recouverts de vignes. En Alsace et dans toute la vallée du Rhin, il est même possible de croiser la vigne sauvage (Vitis vinifera) en lisière de forêt, cette liane ancêtre de toutes nos vignes cultivées.

Les vendanges, qui ont lieu d’août à octobre selon les cépages, étaient une activité incontournable, moment de rassemblement et de fête villageoise. Pour gagner du volume de transport sur les charrettes, le raisin était directement foulé sur place, dans des cuves de bois, à la force des pieds. Le moût (la mixture résultant du pressurage) est alors mis en cuve pour lancer la macération et permettre au jus de raisin de capter les tanins, la couleur et certains arômes. Le vin était ensuite élevé en barriques de chêne.

Aujourd’hui, quelques rares parcelles sont encore cultivées de manière traditionnelle afin de préserver l’héritage viticole de la Basse-Zorn. L’entretien des pieds de vigne (ou ceps) est réalisé à l’aide de la gouzotte et de la serpe (taille du bois, suppression des pousses indésirables et des repousses du porte-greffe, etc.).

N’hésitez pas à venir découvrir la célèbre cabane des vignerons au sud de Weitbruch et nos maisons alsaciennes parées d’une vigne en façade ou d’une treille afin de rappeler ce passé viticole. 

 

Les vignes du Rehberg 

Le Rehberg correspond au point culminant de la commune de Weyersheim (156m), il marque la jonction entre les collines de lœss et le Ried noir rhénan. Ce talus orienté nord-ouest/sud-est est constitué de parcelles cultivées et de vergers qui protègent de l’érosion le sol fragilisé par la forte pente. Autrefois, ces vignes servaient à la fabrication du vin de table. Ce dernier était destiné à la consommation personnelle des propriétaires de ces vignes.

 

Le verger à « haute tige » est la forme rustique et traditionnelle du verger. Traditionnellement entouré de haies, il est une plantation d’arbres fruitiers espacés d’une dizaine de mètres et dont le tronc se situe entre 1,80 m et 2 m. C’est un élément caractéristique du paysage rural alsacien qui participe à l’identité locale des communes.

 

Les vergers à « haute tige » présentent plusieurs avantages indéniables pour le territoire.

Ces arbres sont par nature plus adaptés au climat et au sol de la région et donc très résistants aux maladies. De fait, ils nécessitent moins de traitements. Bien qu’ils produisent des fruits à l’aspect moins parfait que les variétés intensives, leurs fruits sont des variétés locales plus savoureuses. De plus, ils sont source de produits sains utilisables sous différentes formes notamment pour le bouillage de cru ou la fabrication de jus de fruits. Ils contribuent aussi à stabiliser le sol grâce à leur système racinaire.

 

Ils créent un cadre de vie favorable c'est-à-dire un lieu convivial et de détente pour les habitants. Ils font partie de l’histoire locale du territoire et sont vecteurs de savoir- faire (arboricoles, culinaires…). Ils permettent l’amélioration de la qualité paysagère d’un village grâce à la création de ceinture verte et participent à la diversité et à la qualité des paysages. Ils favorisent aussi le maintien d’une faune et une flore diversifiées de haute importance près des villages. En effet, ils sont le lieu d’habitat d’espèces particulières comme la chouette chevêche, le lérot, le torcol fourmilier, le pic vert, la huppe fasciée et autres petits oiseaux ainsi qu’une multitude d’insectes. De plus, afin de produire des fruits, un verger a besoin d’être associé à un espace herbacé fleuri qui puisse attirer les insectes pollinisateurs. En effet, sans leur présence, le verger n’aurait pas ou peu de fruits.

 

Ainsi, leur préservation et leur renouvellement sont absolument nécessaires surtout quand on sait qu’aujourd’hui les vergers traditionnels ont tendance à disparaître. Cette disparition est due à une modification des modes de consommation, au développement de l’agriculture intensive et à l’urbanisation avec l’extension des zones constructibles autour des villages.