Les prairies riediennes

Le Ried, terme dont la racine alémanique « Rieth » signifie roseau, se caractérise par des prairies humides issues d’anciens défrichements humains. L’eau s’y retrouve en abondance grâce au niveau élevé de la nappe phréatique rhénane.

 

Lorsqu’elle affleure en surface les « Giessen » se créent (sources phréatiques) donnant naissance à de nombreux ruisseaux intermittents dont les eaux rejoindront les petites rivières phréatiques façonnant le Ried de Hoerdt Weyersheim, les « Brunnenwasser » (eau du puits) au nom si caractéristique : Eichelgraben, Eichgraben, Erlengraben, Hellengraben, Mostgraben ou encore Waldgraben. En remontant du sol, la température de l’eau est quasiment constante autour des 10 C°. Ainsi, d’épaisses vapeurs hypnotiques couvrent le Ried dès novembre.

L’avifaune y est exceptionnelle. Plus de 180 espèces d’oiseaux y vivent dont une centaine de nicheurs. La plus part sont inscrits sur la liste Rouge de la nature menacée d’Alsace. Ce foisonnement de vie connait deux figures emblématiques du ried rhénan, le courlis cendré et l’œillet superbe.

Le courlis cendré (Numenius arquata) - en dialecte : d Màttahüehn - dr Wattervogel - est un échassier reconnaissable par ses longues pattes, son long bec arqué et son cri flûté « kuu-li ». La femelle se distingue du mâle par son bec un tiers plus long. Il ne reste que trois couples aujourd’hui dans le Ried de Weyersheim.

L’œillet superbe (Dianthus superbus) est une vivace aux pétales rose lilas finement ciselés. De plus en plus rare et menacée, la Société Botanique d’Alsace (SBA) a inventorié 925 individus sur 16 anciennes parcelles hoerdtoises en 2014, soit une régression de 80 % des populations en 10 ans.

Pour les plus curieux, un concert de stridulations charmera toutes les oreilles attentives. Parmi les nombreux choristes, citons la grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) et le hanneton commun (Melolontha melolontha) dont le chant provient des ailes antérieures ou élytres.

 

Le saviez-vous ?

Ces prairies sont entretenues pour certaines par plus de 16 générations successives de paysans. Le foin récolté est constitué d’un subtil mélange d’apiacées, d’astéracées, de géraniacées et de poacées produisant un fourrage d’une qualité exceptionnelle.

 

Partez à leur (re)découverte !

Circuit découverte « Entre prairies et vergers »

Les diverses mesures successives de protection du site

 

1. En 1982, les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) sont crées par le Ministère de l’environnement. En Basse-Zorn, il s’agissait dans un premier temps d’une zone continue allant de Hoerdt à Schirrhein. Une ZNIEFF est un inventaire destiné à la connaissance scientifique d’un milieu naturel remarquable. Aujourd’hui revu, de nouveaux inventaires ZNIEFF se répartissent sur le territoire :

2. En 1995, le Conseil Général du Bas-Rhin en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse complète cette démarche par la création d’une zone humide remarquable du ried de Hoerdt-Weyersheim. Elle s’étend sur 1200 ha et vise à cibler les actions prioritaires de restauration et de préservation des écosystèmes aquatiques affirmés.

3. Depuis le 24 octobre 2007, 172 ha de prairies hoerdtoises sont protégées à l’initiative de la commune par un Arrêté de Protection du Biotope (APB). Ce règlement vise à protéger le milieu riedien par diverses mesures de conservation. Par exemple le labour, la suppression d’une haie ou même le camping y sont strictement interdits.

4. Le 22 décembre 2014, l’adoption du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) d’Alsace officialise le 28e réservoir de biodiversité « ried nord (Basse-Zorn et Basse-Moder) ». Il s’étend sur une surface de 3571 ha mêlant différents milieux naturels dont la vallée de la Zorn et les prairies riediennes. Les réservoirs de biodiversité constituent les noyaux écologiques les plus riches et associés aux corridors, visent à préserver les continuités écologiques d’Alsace (trame verte et bleue).

 

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